#Perou Il y a une voix alternative au train en partant de Cuzco pour aller au Machu Picchu. Je l’ai prise.

Non parce que je ne pouvais pas me le permettre mais parce que je voulais suer un peu avant d’apercevoir l’un des nombreux trésors du Pérou.

J’ai voulu tester.  J’en ai bavé, j’ai pleuré et j’ai aimé…

J’avais prévu de prendre le minimum et de camper au pied du Machu Picchu. Erreur. Je ne suis décidément pas fait pour le camping. J’ai mon côté touriste qui a besoin d’un minimum de confort et je l’assume.

Récit de mon voyage de Cuzco jusqu’au Machu Picchu

4h30. Durant la nuit l’excitation prit le pas sur mon sommeil. Je me lève avec ma gueule d’ours contrarié. Heureusement, à cette heure-ci, aucun poisson frétillant sur mon chemin pour tester ma patience. Je prends un taxi pour la “gare” des colectivo de Cuzco. Mon minibus se remplit lentement de locaux. On se salue. Je grogne un peu. On est assailli par les vendeuses plus ou moins jeunes qui de leurs voix stridentes essaient de nous vendre un produit pour la route. Je me laisserai tenté par la plus colorée et la plus vieille d’entre elles dont la voix ferait pâlir un soprano et je prendrai quelques pains encore chauds fourrés à l’avocat. Mmmmh un délice à 1 sole le pain. A ce prix là, on ne négocie pas.

6h. On est parti pour 7h de routes. Les paysages sont magnifiques. La météo est au beau fixe. Le conducteur est prudent. Oh joie. Ballotté dans les virages tel un nourrisson dans sa poussette, je ne sais comment je m’endors pour 2 petites heures. Ma petite sieste est stoppée lorsque l’on s’arrête car la route se trouve bloquée. Un éboulement semble t-il. Le genre de chose qui vous rassure totalement quand vous voyez le ravin. Je dégourdis mes jambes et je fais la queue pour faire de même avec ma vessie.

13h. On arrive à Santa Maria. C’est la cohu. En bon gentleman… enfin, plus parce que je ne comprends pas le quart de ce que l’on me dit, je laisse ma place dans un taxi pour que 4 amis puissent partir ensemble. Je me retrouve donc quelque temps plus tard avec un allemand et un couple de français en partance pour Santa Teresa. L’allemand ne parle pas trop anglais, le couple français non plus, silence dans le voiture. Je ne fais pas l’effort de faire l’intermédiaire,  je regarde la route.

14h. Santa Teresa, l’allemand et le couple de français prennent le taxi pour rejoindre la station hydraulique. Moi, têtu, je veux marcher. Durant les premières 40 minutes, alors que je mangerai la poussière des taxis qui me dépassent sous les rires et moqueries de quelques bienheureux qui se terrent derrière leur vitres, je me maudirai. Je viens de m’enfiler 2L d’eau. Je continue à suer à gros bouillon. Mon T-shirt est une serpillière et mon short un torchon. Il n’y a pas d’arbres. Je n’ai plus d’eau. Je suis le roi de l’organisation. Je vois un oasis. Un ruisseau dévalant la montagne me sauve. Le reste du trajet est plus agréable. Personne ne marche, je suis seul. Les paysages semblent récompenser les valeureux. Je regarde ma carte.  Les indications m’informent que je dois traverser un pont.

Je regarde le pont. Je relis les indications. Je regarde de nouveau le pont. Un doute m’assaille. Après quelques pas au dessus de la rivière tumultueuse, une planche qui casse, j’ai l’intime conviction que cela ne doit pas être ce pont. Sinon, je pense sincèrement que le “chemin alternatif” serait entaché de morts par noyades.

Effectivement, ce n’était pas ce pont.

C’était celui-là.

16h20. Hydroelectrica. D’ici, les gens prennent soit directement le train pour rejoindre Aguas Calientes, soit ils marchent le long des rails. Je pense que vous savez quel chemin j’ai pris.

Je marche avec mes 2 gros sacs (un avec mon appareil photo et mes objectifs) l’autre avec nourriture, eau, tente, sac de couchages, affaires de rechanges… Cela fait 3h que je marche non stop. Les sangles de mes sacs semblent fouetter ma peau. La nuit tombe déjà. J’allume ma lampe frontale. J’ai l’impression de marcher dans un long couloir sombre. Mais ce n’est pas le manque de lumière qui assombrit ma vision. Heureusement que vu mon état sportif, je ne me sois pas décidé à faire un trek. Le groupe aurait du m’abandonner à mi-journée. J’ai l’impression d’être une éponge oubliée au milieu du désert. Je marche vite mais je fatigue plus vite également. Je double 30 fois les mêmes personnes entre pauses photos et pauses repos.

18h20 Aguas Calientes. On essaie de me vendre une nuit en hostel à 20s. Non merci, j’ai loué une tente, je l’utilise. Je reste 30 minutes avachi sur un banc à profiter de la fraîcheur du soir. Certains groupes que j’avais dépassé plus tôt façon marche forcée me font des signes de la main. Je les regarde alors que je n’ai même plus la force de lever le bras pour leur répondre. Je n’aime pas me faire dépasser lorsque je marche. Je sais, c’est idiot mais je suis ainsi. Même avec tout mon bardas, il fallait que je marche plus vite qu’eux. Je souris dans la nuit de ma stupidité. On ne se refait pas. Je prends note de ne jamais faire un marathon dans la jungle. Ni un marathon tout court.

19h50. De retour au camping. Je prends une douche froide (vous avez le choix entre filet d’eau froide et crachin d’eau froide ) J’essaie de monter la tente de façon à ce qu’elle tienne la nuit.

22h. Dans ma petite tente (où assis je touche le toit de ma tête), lavé mais gelé, j’essaie de rejoindre Morphée. Je sombre.

3h. Le bruit de la pluie me réveille une première fois.

3h30. Mon sac de couchage trempé (merci la tente trouée, faites-moi penser à remercier le vendeur de Cuzco) et la désagréable sensation de dormir dans un fond de baignoire finissent pas me faire sortir de ma tente sous une pluie battante. Je rapatrie aussi vite que possible mes affaires dans les WC et j’essaie d’en extirper le maximum d’eau. Tout est trempé. Tout pèse 2 tonnes. Mes seuls affaires sèches sont mes collants pour l’hiver et un haut polaire. Me voilà beau. Mais il en faudrait plus pour me faire reculer. La propriétaire du camping me montre un panneau indiquant que la nuit coûte 15 soles. Quand est-ce que ce panneau est apparu ? La nuit ? Quelle nuit ? 15 soles pour passer la nuit en camping avec une douche froide et des wc dégueulasses alors qu’une chambre en auberge à Aguas Calientes peut se trouver pour 20 soles. Je la regarde l’oeil mauvais et du haut de mon espagnol bancal, de mon manque de sommeil et de la fatigue de 5h de marche et d’une bonne grosse demie journée de transport, je lui dis le fond de ma pensée. Celle-ci était pauvre en mots mais riche en gestes.

5h30. Je me shoot aux feuilles de coca, barres énergisantes arrosées de cocktails énergisants. Je suis fin prêt. Je me sens comme Lance Amstrong à la veille d’un tour de France.  La pluie péruvienne c’est la fée clochette. Elle transforme mon sac de 10kg en sac de 20 tonne. Je pars ruisselant de pluie et délesté au final de 5 soles. 1 sole par pseudo heure de sommeil. J’ai négocié par principe.

5h45. Je commence l’ascension des marches du Machu Picchu. Il pleut à grosses goutte. Au bout de 30 minutes je vois trouble. Première glissade sur une pierre et je me plante dans la végétation. Pause. J’entends les premiers bus qui montent. Je pense aux passagers à bord. 3 jeunes allemands me dépassent . Eux, ils n’ont pas de sacs mais soufflent et souffrent comme moi. Je reprends mon ascension vitesse tortue. Je n’ai plus d’eau. Je prélève de l’eau de ruissellement et j’y ajoute du micropur. Je reprends mon ascension. 15 minutes plus tard je glisse de nouveau et je roule sur quelques marches telle une vulgaire patate. J’hurle de rage, seul, trempé, dans la boue. Je me calme quelques longues marches plus loin sous un abris. Ouf, mon matériel va bien. J’ai un bon sac heureusement (je vous en reparlerai 😉 La pluie s’arrête quelques minutes et j’ai une première vue de la majestueuse vallée à travers un trou dans la couverture végétale. Je m’arrête et je contemple. C’est beau.

8h00 Normalement, cela prend 1h. J’ai mis plus de 2 heures à arriver en haut. Quelques touristes me regardent émergé de la jungle tel un sauvage alors qu’ils ressortent secs et frais de leur bus. Je les ignore.

Je rends mon gros sacs et c’est comme si on ôtait mes chaines. Il n’y a pas de raisons à ma déraison. Je regarde les “touristes”. Pendant quelques instants je les toise de haut en conquérant. C’est idiot mais mon orgueil a besoin de cela. Le Machu Picchu se dévoile à travers la pluie et la brume mais je m’en fous, je suis déjà trempé… et puis cela me va. Personne ne remarque que je verse quelques larmes de joie.

Un peu d’histoire sur le Machu Picchu

explorateur

Hiram Bingham est le premier explorateur a avoir compris l’importance du site du Machu Picchu et  la date de sa découverte qui est la date officielle remonte au 25 juillet 1911.

Vous pouvez retrouver l’article du magazine National Geographique consacré à cet explorateur sur les 100 ans de la découverte du Machu Picchu ici.

Retour de la cité inca du Machu Picchu

Pour descendre du Machu Picchu, j’ai pris le bus et le train d’Aquas Calientes jusqu’à Hydrolica (plus de place pour Cuzco). J’avoue que les prix du train sont quelques peu déraisonnables mais si j’ai choisi de prendre le chemin alternatif c’est parce que je voulais avoir le sentiment que je “mérite” un peu le Machu Picchu. Bien évidemment  je ne prétends pas avoir fait un trek. Je ne sais pas si actuellement je pourrai physiquement soutenir le rythme.

Un colectivo d’Hydroelectrica pris à la dernière minute devait me ramener à bon port à Cuzco. Sous la pluie, dans la nuit, dans ses routes sinueuses et glissantes où les chauffeurs klaxonnent avant de couper les rivages, je suis revenu. En colectivo. J’ai alors noté ces quelques mots dans mon carnet. J’ai vraiment cru par deux fois que cela serait les derniers.

“J’écris pour ne pas oublier. Pour ne pas sombrer. Comme si mes mots allaient disparaître avec moi, sous la pluie, entre deux klaxons dans un virage de montagne. Ne pas regarder le ravin si proche. 
Ce n’est pas la fatigue qui me force à fermer les yeux, non, c’est la peur. La peur de finir bêtement quelques centaines de mètres plus bas. C’est rassurant dans un sens. Téméraire mais point suicidaire; c’est à travers le son de mes battements de coeur que je me redécouvre.

Il y a des croix et des fleurs à leurs pieds dans les virages. Je ferme les yeux pour ne pas y lire mon nom.”

Infos et conseils utiles pour vous rendre au Machu Picchu

Partir avec une agence

De nombreuses agences locales ou francaises proposent de découvrir le Pérou en petit groupe, en passant par le Machu Picchu. Leur circuit allie la découverte d’incontournables et d’activités hors des sentiers battus.

Chemins normaux pour le Machu Picchu

conseil : réservez vos places dans le train vraiment longtemps à l’avance car ces dernières partent vite

Je ne vous conseille pas le camping. Préférez prendre une chambre à  Aguas Calientes.

Laissez vos bagages après avoir passé l’entrée du Machu Picchu c’est non seulement obligatoire mais moins cher que de laisser vos bagages avant l’entrée

Chemin “alternatif” de Cuzco au Machu Picchu :

  • Colectivo Cuzco – St Maria puis taxi St Maria – St Teresa (30s puis 8 à 10 s) de 6h à 9h
  • Taxi St Teresa – Hydroelectrica (2 à 5sole pour 20min) ou à pied comme moi (2h)
  • Hydroletrica – Aguas Calientes (12$ en train ou à pied : 2h)
  • Chambre Aguas Calientes : à partir de 20s / Camping 15s / nuit
  • Bus pour la Machu Picchu : 18$ AR

D’autres treks au Pérou

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