Lorsque tu montes là-haut, que tu respires cet air si pur, cet air qui flotte au-dessus des vallées oubliées, cet air transperçant chaque pores de ta peau encrassée, cet air réveillant tes poumons assoupis alors, rat des villes, rat des champs que tu es, tu te demandes pourquoi tu te laisses voler tes plus belles années, tes derniers soupirs de vigueur, dans le bruit et la folie du monde qui depuis longtemps a oublié comment s’émerveiller à la vue, la nuit venue, les yeux levés vers le ciel, de l’inimitable ballet des étoiles jouant à cache cache derrière les cimes, pour nous, enfants d’hier et enfants de demain. 

La montagne nous rend poète car elle est une poésie à elle seule. Quand on voit ces formes acérées telles des flèches souhaitant transpercer le ciel, on aimerait ne faire qu’un avec elles. Se fondre dans la glace et la pierre, se perdre en elles comme seul un homme qui aime peut se perdre dans une femme. Alors, prêt à tout, on sent le sang qui court dans nos veines lorsque chaque pas peut nous amener à notre ruine. On est ivre là-haut, ivre comme les premiers hommes, ivres de la promesse du paisible baiser de la nature.

Là-haut, on se fiche de notre ego, de notre nom, de nos exploits passés et déjà oubliés de la mémoire des hommes. Là-haut, il n’y a plus que l’euphorie solitaire de se sentir un instant éternel. Uni et épris d’une beauté intemporelle.

Là-haut se trouve le baume aux peines et tourments qui rongent le coeur et l’esprit des hommes. Là-haut, nous savons que nous ne sommes pas grand chose, mais cela n’a aucune importance. Il nous est offert la possibilité de faire partie d’un tout. Un tout bien plus grand que nous. Bien plus grand que nous tous.

Là-haut, l’insignifiance de nos pas, de notre parcours, de nos vies n’éveille aucune tempête dans notre âme, au contraire, ce simple rappel apaise nos errances. Là-haut, ce rappel n’est pas une sentence, c’est une délivrance.

On n’a beau être rien aux yeux de certains vivant ici bas, êtres dont l’esprit et les préoccupations essentielles se veulent seulement matériels, là-haut est une évidence.

Là-haut nous devenons des oiseaux qui, libres, le temps d’un rêve éveillé, survolent bien haut la tristesse et l’absurdité d’une société qui ronge parfois notre quotidien.


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